Les océans seront-ils devenus stériles au milieu du siècle ? Une équipe internationale de biologistes, d'économistes et d'océanographes pose très sérieusement la question dans l'édition du vendredi 3 novembre de la revue Science.
Ces chercheurs sont parvenus à corréler l'évolution des prises avec les données disponibles sur la chute de la biodiversité dans de larges zones océaniques. Cette érosion de la biodiversité est due principalement à la surpêche. Mais aussi aux pollutions, à la destruction des habitats causée par le chalutage de grand fond et au réchauffement climatique.
L'évolution des prises dans 64 grands écosystèmes marins - couvrant une zone globale de 150 000 km2 et ayant fourni environ 83 % des prises mondiales depuis 1950 - montre que "en dépit d'une augmentation importante dans l'effort global de pêche, les prises ont diminué, toutes espèces confondues, de 13 % depuis leur maximum en 1994".
Etudiées zone par zone, ces données révèlent que la rapidité d'épuisement de certains stocks est liée à l'érosion de la diversité biologique. En revanche, dans les régions qui conservent un nombre élevé d'espèces, le taux de reconstitution des stocks est plus élevé.
En extrapolant les mesures de la baisse de biodiversité et celles des prises de pêche, les auteurs redoutent un épuisement total des stocks de toutes les espèces pêchées (poissons et invertébrés) vers 2050 dans les zones étudiées.
Aussi recommandent-ils de "restaurer la diversité des espèces à travers une gestion durable des pêcheries, le contrôle des pollutions, le maintien des habitats essentiels et la création de réserves".
Stéphane Foucart