Comment les fabricants alimentaires augmentent leurs prix en douce, Liberation.fr, 23/09/08
Le magazine «60 millions de consommateurs» a paraitre jeudi revele les pratiques de certains fabricants de produits alimentaires pour camoufler les hausses de prix. Effarant.
Prenez un biscuit «Prince» de Lu. Diminuez le poids du paquet de 330 grammes a 300 grammes, pour le meme prix. Le consommateur n'y verra normalement que du feu. Le tour est joue.
Diminution du poids du produit, changement d'emballage ou meme de recette, les fabricants de produits alimentaires rivalisent d'imagination pour camoufler la hausse de leurs prix.
Le magazine «60 millions de consommateurs» a paraitre ce jeudi revele les divers procedes des marques alimentaires pour preserver — voire augmenter — leurs marges. Et comme l'explique le mensuel, il faut «etre un consommateur sacrement avise» pour remarquer ces pratiques. Meme les statistiques officielles ont du mal a les detecter.
Hausse du prix des matieres premieres
Une des astuces les plus utilisees est la cure d'amaigrissement du produit. Outre celle des biscuits «Prince», le magazine a remarque que le fromage blanc «Jockey» de Danone avait subi le meme sort: 850 g contre un kilo ou les petits pots desormais a 90 g contre 100 g auparavant. Pour le meme prix, evidemment. Les barres chocolatees Mars avaient eu la meme idee quelques mois plus tot, releve le mensuel.
«Au debut de l'annee, tout le monde a cogite pour anticiper les hausses des matieres premieres» comme le ble et le lait, raconte un chef de produit de l'industrie agroalimentaire, cite dans l'enquete.
Une autre strategie consiste a changer l'emballage, un procede qui «ouvre la voie a de tres jolies augmentations pour le client», souligne le mensuel. Des chewings-gums vendus chez Aldi sous la marque Feel Free sont ainsi passes de 13,75 a 20,73 euros dans leur nouveau conditionnement.
Changer la recette
La troisieme methode, «probablement la plus pernicieuse», est la modification de la recette. Surtout utilisee pour les premiers prix ou le hard discount, elle consiste a remplacer des ingredients onereux par des matieres premieres moins cheres.
Interroge par l'AFP, Jean-Rene Buisson, president de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), s'est dit «reticent sur la qualite des enquetes» du magazine. Pour lui, les consommateurs «acceptent de payer plus cher des produits qui ont une vraie valeur ajoutee ou une valeur nutritionnelle superieure» a celle du produit precedent. La Federation du commerce et de la distribution (FCD) ne commentait pas lundi cette enquete.